Lors de notre dernière rencontre, nous avions abordé un épisode de la vie de Jésus, celui de la guérison d’un malade le jour du sabbat.
Les mots placés dans la bouche de Jésus par Hegel étaient les suivants : “Si vous tenez vos règlements ecclésiastiques et vos commandements positifs pour la loi suprême donnée à l’homme, vous méconnaissez la dignité de l’homme et le pouvoir qui est en lui de puiser en lui-même le concept de la divinité et la connaissance de sa volonté.”
Nous avions vu à cette occasion :
1/ que ce passage des évangiles est à prendre avec le recul de l’histoire et du contexte, la loi juive n’impliquant pas, bien au contraire, ce qui avait été souligné par l’un d’entre-nous, qu’il ne soit pas possible de guérir un malade le jour du sabbat, pour la simple et bonne raison que, suivant la loi juive, la vie humaine est à préserver avant tout.
2/ que l’homme est libre de ses décisions, de l’exercice de sa volonté, et que c’est justement par l’exercice de cette volonté, même et y compris quand elle va contre la loi ecclésiastique, qu’il est en adéquation avec sa propre nature divine, à tout le moins en tant qu’image de Dieu.
Enfin, certains participants, de confessions juive et catholique, avaient commencé à contester l’idée de la transcendance divine en évoquant vivre intérieurement le divin par une sorte d’immanence de ce dernier.
Je vous propose donc aujourd’hui de nous arrêter un temps sur cette question de la transcendance et de l’immanence de Dieu et du divin.
Une des grandes critiques effectuées par Hegel à l’encontre du judaïsme est en effet d’y avoir vu une religion de la séparation, séparation sur laquelle se serait alors ensuite reposée la tentative de réconciliation portée par Jésus.
C’est ce que nous avions très rapidement évoqué il y a environ un mois.
Je le rappelle, la thématique de la séparation qui traverserait le judaïsme est triple :
- Séparation de l’homme et de Dieu par la sortie du paradis, état de nature, jardin d’Eden.
- Séparation de l’homme et de la nature par le Déluge, séparation qui est aussi une seconde séparation avec Dieu.
- Séparation de l’homme d’avec l’homme par la tour de Babel, véhicule d’une troisième séparation avec Dieu.
Il est bien entendu qu’une inspection approfondie de ces trois points nous permet éventuellement de déjà en formuler. Nous pouvons en effet y voir tout au contraire un possible rapprochement avec Dieu, une réconciliation si l’on veut :
- Nous évoquions la possibilité, plus tôt cette année, de voir dans la chute l’ouverture à l’homme de la possibilité de la liberté, partant du principe que l’homme dans l’état de nature, ou l’homme baignant dans l’abondance du paradis, ne saurait être libre puisque n’ayant dans cet état aucune possibilité, ni aucun besoin, d’ailleurs, d’exercer sa volonté, garantie de son libre arbitre.
- De la même manière, l’épisode du Déluge peut être lu comme la possibilité de l’homme de se réapproprier son rapport à la nature, en concrétisant ce qui était énoncé dès le début : à savoir qu’en sauvant les couples d’animaux il se fait maître d’une nature qu’il peut domestiquer.
- Enfin, la tour de Babel n’ouvre-t-elle pas la possibilité à l’humanité jusque-là indistincte et baignant dans la pure identité, d’effectuer un mouvement vers la différence et de s’ouvrir ainsi à l’universalité multiple.
Ce sont quelques pistes que je livre à votre réflexion.
Discussions.
Nos discussions vont essentiellement porter sur le sens et l’interprétation que l’on peut donner à l’épisode du péché originel et de la sortie de l’Eden.
Sont notamment soulevés et discutés les points suivants : origine du péché originel, acte volontaire et libre, acte effectué sous l’influence d’une tromperie, liberté de l’homme dans l’Eden, liberté de l’homme après la sortie de l’Eden, liberté et volonté de Dieu…