Ce qui est libre, le sujet libre, c’est le sujet dont l’acte est cause de soi.
La situation historique la plus nécessaire n’est jamais opérée que par un acte qui en tant que tel est cause de soi, c’est-à-dire fondamentalement libre. Ce qui veut dire que la liberté, même la plus conditionnée, pour devenir effective, excède toujours sa condition.
En ce sens, la nécessité en tant qu’elle est réalisée par la liberté, la nécessité dans sa réalisation est portée par la liberté.
Dans le cadre d’une réflexion théologique, il nous revient d’interroger l’articulation entre trois termes, au moins : foi, liberté et raison.
“la pensée, c’est la liberté même, en sa source.” (Bernard Bourgeois)
Durant la séance, nos discussions portent principalement sur la question de la liberté du sujet chrétien, créé à l’image de Dieu.
Nous nous interrogeons dans un premier temps sur la question de la liberté de Dieu : Dieu était-il libre de procéder à la création du monde, ou cette création relevait-elle de la nécessité non choisie ? Deux voies s’opposent ici : les uns lisant le prologue de l’évangile de Jean comme affirmation de la nécessité sans choix de la création, tandis que d’autres voient dans le récit de la création un choix de Dieu, dont il aurait éventuellement pu se passer.
Nos discussions portent ensuite sur la question du péché originel et de la chute. Soit l’homme était libre de pécher, soit il a été trompé et, étant trompé, n’était pas libre. Soit la chute est aliénation, soit elle est ouverture à la possibilité du choix libre entre le bien et le mal.
La question qui se pose aussi est celle de l’amour et du don de l’amour. Dieu étant amour, l’homme en tant qu’image de Dieu peut être considéré comme ontologiquement porteur d’amour, alors qu’il fait le mal. N’est-ce pas alors par le mal que l’homme affirme sa liberté ?
Une solution s’ouvre à nous à partir de ce lugubre raisonnement par l’absurde : il faudrait voir dans l’homme une image de Dieu non pas parfaite mais s’inscrivant dans un processus de réalisation continue.
Dans le christianisme, la nature de l’homme comme image de Dieu serait alors amour et liberté, mais amour et liberté en perpétuelle réalisation.
Reste en suspens ce qui nous aura préoccupé tout au long de cette séance :
- Sommes-nous libres en tant que nous avons été créés “à l’image de Dieu” ?
- La liberté fait-elle partie de la perfection du Dieu chrétien ?
- Le Dieu du christianisme était-il libre de procéder à la Création ?
- Le sujet libre étant cause de soi, si Dieu est cause de lui-même et cause des hommes, comment l’homme pourrait-il être libre ?
À la fin de la séance, et pour venir offrir un support à nos futures rencontres, nous convenons de travailler désormais sur la base d’un texte du philosophe français Bernard Bourgeois : Hegel à Francfort Judaïsme, christianisme, hégélianisme, publié aux éditions Vrin.
Nous nous réservons la possibilité, cependant, de revenir sur les précédentes séances le mercredi 12 juin, et d’y effectuer aussi une courte présentation du livre que nous étudierons dans les semaines et mois à venir.