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En entendant certains fustiger les croyances concernant le récit de création contenu dans la Bible, ou dans d’autres textes, chrétiens ou non, nous pouvons soupçonner, nous pouvons nous demander s’il n’y a pas quelque confusion majeure entre la question de la foi et la question de la croyance. En effet, il n’est pas question de croire en ce récit, comme en tout récit de création, mais bel et bien d’y déceler un savoir symbolique. C’est d’ailleurs cette forme de savoir que je souhaiterais assez paradoxalement qualifier de rationalité de la foi et de savoir symbolique contenu dans les textes sacrés, en particulier dans certains textes sacrés du judaïsme et du christianisme.

C’est d’ailleurs, me semble-t-il, bel et bien ce qui a fait la grandeur de la tradition ésotérique, d’abord moyen orientale puis occidentale, très généralement située bien loin des hérésies et, souvent, convergeant par le symbolique avec les préoccupations des mystiques. Tradition ésotérique qui traversera malheureusement une sorte d’extinction aux alentours des années 1940-1950, avec la disparition de ses derniers grands érudits. C’est ainsi qu’a pu s’installer par la suite une sorte de confusion, dépouillant la rationalité de la foi de toute vertu de connaissance, au moins au regard de ceux qui en méconnaissent la puissance symbolique. 

Venons-en au sujet du jour : la foi est-elle une cure ? ou : la foi guérit-elle ?

Je tiendrai qu’il y a bien une sorte de guérison possible par la foi. Et pourtant, je suis athée. Bien entendu ce dont il s’agit, c’est de guérison du langage, des maux du langage, voilà, ces maux-là. C’est pourquoi ce qui nous intéresse, ce qui nous concerne ensemble, ce n’est pas tant de savoir ou de critiquer un mythe auquel, quoi ?, et bien, que ceux qui y adhèrent ou pas, j’ai envie de dire que, ça ça regarde chacun, que c’est de l’ordre de la culture, peut-être ? Ce qui ne veut pas dire que ça ne puisse pas avoir d’impact sur le sujet, c’est d’ailleurs en partie au moins ce que j’aborderai demain au cours de la conférence que je me suis engagé à donner à l’Université Inter-Âges de l’Aigle, mais enfin, là, oui, il est bien question de la culture de chacun et ça, ma foi, ça ne nous intéresse pas tellement, pris sous cet angle, en tout cas aujourd’hui. C’est de l’ordre de la croyance, de l’inscription du sujet dans un certain ordre symbolique. Que cette inscription puisse occasionner des troubles, ça oui, l’ethnopsychiatrie est d’ailleurs là pour nous en avertir dans son approche d’autres cultures.

Et en effet, si la foi cure, ce n’est pas parce que le sujet croit benoîtement à un mythe, récit de création ou autre, Dieu gentil ou Dieu méchant, Dieu personnel. On voit bien poindre le manichéisme millénariste de pas mal d’hérétiques. Si la foi cure, si elle peut curer, très clairement ça se passe à un autre niveau, comme je viens de l’énoncer, soit symbolique et ésotérique, à travers un enseignement qu’il convient de déchiffrer, soit par l’acte de la foi lui-même, dont nous savons tous qu’il recèle d’autres mystères, dont l’extase mystique, brièvement évoquée lors d’autres discussions, pourrait bien nous offrir une possible voie d’accès, à ce qui est mais que nous ne saurions nommer.

Discussion.

Nos discussions ont porté sur la distinction entre croyance et foi. Croire en quelque chose, croire en quelqu’un, c’est toujours mettre du sens, mettre du sens, des symboles, souvent sur ce qui est perçu comme n’ayant pas de sens. La croyance donne du sens, pas la foi.

Cette importante distinction est très loin de toute évidence, et la confusion est de mise, telle qu’elle est d’ailleurs revenue à de multiples occasions lors de nos échanges. D’autres clarifications s’imposeront probablement par la suite.

Non pas croire pour donner du sens, mais avoir foi en rien. Notons : non pas “n’avoir foi en rien”, mais “avoir foi en rien”, laisser la foi reposer sur rien, foi qui se révèle alors comme confiance absolue, aveugle, totale. 

Parce que nous partageons tous une certitude : que ça finira, que cette vie finira, que ce corps mortel s’éteindra. Paradoxalement, la certitude de la mort nous porte vers la foi, foi aveugle en la vie, elle est en quelque sorte la garantie de notre confiance.

Avoir foi, non pas en un texte, fut-il le texte biblique, ce qui peut rassurer mais ne garantit aucune cure, aucune salvation. La foi gratuite, par contre, quant à elle, la foi en rien, foi que nous avons voulu aveugle, la confiance. 

Il en va d’un choix, de l’exercice d’un choix sur lequel repose notre liberté.

Et c’est cette liberté que nous allons donc interroger cette semaine, en abordant la question du mal, en nous demandant sous la forme suivante : “Décidons-nous du mal ?”