Je vous propose de commencer aujourd’hui par un petit jeu. J’ai appelé ça “le jeu du je”. J’invite chacun d’entre vous, en tout cas ceux qui voudront bien participer, à nous dire ce qu’est, qui est, ce “je” qui parle quand ils parlent, quand ils disent “je”. Il n’y a pas d’obligation à participer, bien sûr.
Pour ceux qui veulent bien participer, je ne vous demande pas de nous donner des détails biographiques, mais de vous demander si ce je qui parle quand vous dîtes “je”, est toujours le même, ou s’il est parfois, ou à chaque fois, différent. Je vous demande aussi de nous dire si ce “je” est bien le même quand vous parlez ou quand vous écrivez. Et n’y a-t-il qu’à travers le langage que ce “je” parle, nous parle ? A qui s’adresse donc ce “je”, et est-il toujours le même en fonction du qui auquel il s’adresse ?
Le “je” ontologique, celui de l’expérience cartésienne de la conscience.
Le sujet marxiste et le sujet sociologique : ce “je” là est construit par les rapports de classe, d’appartenance, il est défini par son inscription dans des formes sociales et des rapports sociaux
Le “je” du corps naturel, qui renoue avec l’expérience cartésienne, mais nourrit par la psychologie comportementale et les neuro-sciences, dans les nouvelles formes d’explication qu’elles apportent sur la réponse des individus aux stimulus de leur environnement.
Entre un sujet naturel et un sujet social, s’est cependant glissé une troisième conception du sujet, le sujet psychique, celui découvert par Freud puis Lacan. Ce troisième sujet a sa propre structure, et serait peut-être bien le sujet que nous essayons de cerner, celui qui formule des énoncés, qui est formulé par ces énoncés. D’où le “Jeu du je” que je vous ai proposé.