Poésie
Le fonds de poésie réunit se caractérise par une forte cohérence autour de la poésie francophone moderne et contemporaine, telle qu’elle s’est constituée aux XIXe et XXᵉ siècles et prolongée jusqu’à aujourd’hui. Les grandes figures — Apollinaire, Mallarmé, Michaux, Ponge, Char, Bonnefoy, Jaccottet… — y occupent une place structurante. Elles dessinent un ensemble où la poésie se détache progressivement du lyrisme traditionnel pour interroger le langage lui-même, sa capacité à dire le réel, l’expérience sensible, le corps, le temps et la mort. Cette poésie est souvent réflexive, attentive à la justesse du mot, au rythme et au silence.
Le fonds s’ouvre largement aux poètes étrangers, notamment d’Europe de l’Est, qui dialoguent étroitement avec cette tradition française. Les œuvres de Rilke, Pessoa, Celan, Mandelstam, Eliot, Tsvetaïeva, Khlebnikov ou Akhmatova témoignent d’une poésie confrontée à l’exil, à la fracture historique et à l’épreuve du sens, où l’écriture devient à la fois mémoire, résistance et recherche formelle. À ces voix s’ajoute une présence notable de recueils de haïkus japonais, proposant une autre relation au poème : brièveté extrême, attention à l’instant, à la nature et au vide.
L’ensemble, complété par des auteurs de la Beat Generation, propose une poésie de la limite : limite du langage, du sujet, de l’histoire et de la forme, où écrire revient à éprouver ce qui peut encore se dire.
Quelques références :
Stéphane Mallarmé, Correspondance. Lettres sur la poésie
Yves Bonnefoy, Les planches courbes
Les poètes du Grand Jeu (René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Georges Ribemont-Dessaignes…)
Friedrich Hölderlin, Œuvre poétique complète
Pier Paolo Pasolini, Entretiens (1949-1975)
Lawrence Ferlinghetti, La vie vagabonde. Carnet de route (1960-2010)
Allen Ginsberg, Howl et autres poèmes (édition bilingue)
Srečko Kosovel, les intégrales
Velimir Khlebnikov, Poèmes (1908-1922)
Bashô, Mes os blancs sur la lande. Notes de voyage