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Merci à vous tous d’être là aujourd’hui, pour cette reprise. Comme annoncé précédemment, nous travaillons à l’édition d’un livre qui contiendra l’ensemble des présentations effectuées en 2024, comme ouvertures de nos cafés philo hebdomadaires.

En 2024, nous avons passé 45 séances à nous interroger sur la question du sujet. Nous avons découpé cette question en quatre thèmes : « toucher l’être », interrogeant le sujet, celui qui dit « je », dans son contact ou son accès à l’être en tant qu’être, c’est-à-dire à ce qui est en tant que ça est ; « l’intime et le commun », essayant de comprendre ce qui se noue dans le champs des vérités, entre vérités subjectives et vérité(s) de l’être ; « La Cité », ou ce que le « nous » fait au sujet, fait du sujet, mais aussi ce qui du « nous » fait sujet, tout « nous » est-il, n’est-il, qu’un agrégat d’une pluralité de sujets, d’individus, un pur dialogue intersubjectif, ou y a-t-il des « nous » qui font sujet en tant que tels, distincts, donc, des sujets qui les composent ; et enfin, quatrième et dernier thème de 2024 : « quel est le sujet ? », en une tentative de ressaisir le parcours effectué tout au long de l’année.

Nous nous proposons en 2025, de commencer par nous interroger sur la justice, justice partout présente, partout absente, où ressurgira constamment et comme prolongation de notre première année, la question du sujet, perçue sous l’angle de la subtile articulation entre les dimensions qui le composent (dont le corps et le langage, le moi et le nous) et sa vie sociale. Qu’est-ce qu’une vie sociale qui prenne en compte les questions du bien et du juste ? Peut-il y avoir une vie sociale qui ne les prenne pas en compte ? Comment articuler bien et juste, sens de la justice et idée du bien, égalité des droits et liberté des personnes, et ainsi de suite.

Dans cet exercice, nous commencerons par utiliser comme support un des ouvrages majeurs de la pensée philosophique contemporaine du droit et de la justice, le livre de John Rawls (1921-2002), intitulé Théorie de la justice, initialement publié en 1971, et révisé à deux reprises, en 1975 et en 1990.

Rawls y interroge en particulier les conceptions de la justice issues de l’utilitarisme, pour lequel la meilleure action est celle qui contribue au bien général (conséquentialisme).

Rawls était plutôt considéré comme un homme « de gauche », mais « de gauche » à l’américaine, c’est-à-dire démocrate. Il adhérait tout à fait au libéralisme politique et a fondé sa doctrine sur une conception cartésienne et kantienne du sujet.

Il nous intéresse donc à plusieurs titres. Tout d’abord, c’est un libéral, mais un libéral très attaché à la justice sociale, donc vu d’Europe, on pourrait presque dire que c’est un social démocrate. Cette position n’est pas sans rappeler, dans le champ de la pensée économique, celles de John Maynard Keynes. Même si Keynes insistait plus sur la régulation de l’économie par les institutions et que Rawls, quant à lui, part toujours de la liberté individuelle.

Notons que les idées de justice sociale préconisées par Rawls ont aussi pu avoir une influence sur des figures politiques comme Barack Obama, Tony Blair ou Yanis Varoufakis, mais aussi Thomas Piketty, Jeremy Corbyn, Antonio Guterres, ou encore Bernie Sanders.

Avant de commencer, je vais rappeler les deux conditions minimales qui régulent nos discussions :

– une condition démocratique. Tout énoncé peut être énoncé par quiconque et discuté par quiconque, à la seule condition que cet énoncé soit argumenté.
- une condition téléologique. Nous admettrons que tout énoncé a des conséquences, qu’il conviendra à chaque fois d’inspecter et d’interroger.

Enfin, je vous rappelle notre devise : « Les gens pensent ».